Futures zones de circulation restreintes à Rouen – Intervention Françoise Lesconnec

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Conseil municipal du 11 juillet 2016

 

Intervention sur la motion d’urgence

« Futures zones de circulation restreintes à Rouen »

Françoise Lesconnec

 

Comme vous le savez, la question de la qualité de l’air est une préoccupation majeure des écologistes. Il aura fallu des années, de nombreuses études, et des rappels à l’ordre de la commission européenne pour qu’enfin cet enjeu majeur de santé publique commence à être pris en compte.

 

Pour rappel : 10% des cancers du poumon sont imputables à notre air. Une récente étude de l’OMS estime que 110 décès anticipés par an sur notre Agglomération et  50.000 à l’échelle de la France, sont dus à la mauvaise qualité de notre air. Une des raisons ; le diesel avec ses émissions de PM10 – les plus dangereuses car pénétrant plus profondément dans l’organisme – et les PM2. Car contrairement à ce qui est dit dans cette motion, les moteurs diesel sont bien responsables d’émissions de particules fines. L’OMS a d’ailleurs classé le diesel comme cancérigène certain.

 

Nous ne sommes pas pour une écologie punitive, mais nous refusons l’inaction. Il faut prendre des mesures interdisant les véhicules les plus polluants, mais il faut surtout inciter massivement à l’utilisation de modes de déplacement alternatifs. Et lorsque l’on interdit d’un côté, il faut proposer des alternatives de l’autre. L’enjeu n’est pas tant d’interdire aux véhicules les plus polluants d’entrer dans le cœur de l’Agglomération, mais de faire en sorte que le moins de déplacements possibles se fassent en voiture. Car une voiture qui pollue moins c’est bien, mais ça reste une voiture qui pollue.

 

Pour les zones de circulation restreinte, nous avons l’exemple de Paris. Depuis le 1er septembre 2015, les poids lourds, autocars et bus de plus de 3,5 t antérieurs à 2001 n’ont plus le droit de traverser la capitale de 8 heures à 20 heures, week-end compris. Depuis le 1er juillet dernier, les restrictions s’étendent aux véhicules des particuliers antérieurs à 1997. Soit 10 % du parc de voitures en circulation à Paris. Leur circulation est interdite en semaine de 8 heures à 20 heures mais pas les week-ends et la nuit. Cette mesure aurait pu aussi viser les véhicules certes plus récents, mais ayant de fortes consommations de carburant, type 4×4.

Au vue des horaires choisis pour l’interdiction, il s’agit là de viser les déplacements quotidiens « Domicile-Travail », sur des horaires assurés par les transports en commun.

 

Et c’est bien là l’enjeu aussi pour notre Agglomération. Le Plan de Déplacement Urbain de la CREA nous apprenait que 73% des déplacements sur notre territoire font moins de 6km, dont 60% en voiture ! Une grande partie de ces déplacements pourraient se faire autrement qu’en voiture. La solution est donc de développer les transports en commun. Par exemple la future ligne T4 a des prévisions d’utilisation de 15.000 voyageurs/jour dans la fourchette basse. Cela devrait représenter une baisse de 15% du trafic sur le tracé de la ligne.

La Métropole investit fortement dans ses réseaux de transports et doit continuer à le faire. Elle doit également renforcer le maillage de parking relais le long des lignes structurantes de transports en commun afin de permettre aux personnes venant de la périphérie de la Métropole, d’accéder au centre-ville de celle-ci sans leur véhicule.

 

La Ville de Rouen, en tant qu’employeur a établi un Plan de Déplacement des Employés concerté avec le Centre Hospitalier Universitaire (C.H.U.) de ROUEN, Centre Communal d’Action Sociale (C.C.A.S.) de la Ville de ROUEN, Région Normandie et Office Public de l’Habitat (O.P.H.) ROUEN Habitat. Ce PDE prévoit par exemple une Indemnité Kilométrique Vélo, pour les usagers de ce mode de déplacement. La Ville a également adhéré au système de covoiturage créé par le Département de la Seine-Maritime. Elle soutient par ailleurs l’usage des transports en commun par le remboursement de la moitié des abonnements de ses agents et en permettant à ces derniers de bénéficier du tarif P.D.E. du Réseau Astuce de la Métropole ROUEN Normandie, représentant une économie de 20 % sur le tarif public.

 

Il y a aussi les autres sources de pollution de notre air : 25% des émissions de particules fines vient de l’industrie et quasiment autant de l’agriculture.

C’est pour cela que les mesures suivantes doivent être  systématiquement mises en œuvre au plus vite dès le début des épisodes de pollution :

  • La mise en place de la circulation alternée,
  • Des limitations de la vitesse obligatoires sur les principaux axes routiers,
  • La mise en place d’itinéraires alternatifs pour fermer l’accès aux cœurs d’agglomérations aux poids-lourds de transit,
  • Ainsi que la gratuité temporaire des transports collectifs urbains dans les principales agglomérations touchées (notamment celles de Rouen et du Havre).

 

Enfin, à plus long terme, il est temps d’assumer une réelle action écologiste qui met en œuvre des solutions concrètes, avec :

  • le remplacement progressif des véhicules diesel,
  • le développement du fret ferroviaire et fluvial,
  • la taxation des grands axes routiers pour les transports de marchandises,
  • la mise en œuvre d’une « pollu-taxe » pour fiscaliser les nuisances environnementales,
  • le développement des transports collectifs, des modes actifs de déplacement (marche, vélo), et des parkings-relais,
  • les aides à l’amélioration de l’habitat et des dispositifs de chauffage,
  • la limitation des épandages de pesticides et d’engrais chimiques,
  • ainsi que l’amélioration des dispositifs de dépoussiérage industriels,

 

Toutes ces mesures formant un ensemble de mesures complémentaires permettant de s’attaquer efficacement aux racines de cette pollution.

 

Enfin je ne peux pas conclure cette intervention sans parler « de la solution miracle contre la pollution du centre-ville de Rouen» qui fait la quasi-unanimité chez les élus de notre territoire, à savoir le projet de contournement Est.

En effet il est à tort présenté comme une solution qui permettra de réduire la pollution au cœur de notre Agglomération, au contraire :

  • L’autorité environnementale a alerté que le contournement Est induirait 50.000 tonnes de CO2 en plus, notamment sur la rive gauche, sans compter les effets du développement de la périurbanisation qui n’ont pas été pris en compte. Cette augmentation de la pollution nuirait à la santé des habitants des zones situées à proximité du contournement Est, et viendrait s’ajouter à celle déjà très présente sur notre territoire.
  • En développant la périurbanisation avec le contournement Est, nous créerons de nouvelles zones d’habitation non desservies par les transports en commun. Ces habitants viendront encombrer les axes pénétrants de notre Agglomération, et donc participeront à augmenter les émissions de particules sur notre territoire ;
  • 73% des déplacements sur l’Agglomération font moins de 6% : ces trajets ne concernent pas le contournement est ;
  • Les trafics de transit et de desserte locale se font essentiellement à l’ouest.

 

Pour toutes ces raisons, nous ne voterons pas cette motion.

 

EELV_Frise urbaine verte clair

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