La Gazette des bonnes nouvelles #3

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L’association et les bénévoles lors du chantier de plantation des 700 arbres, le 18/10/15

En matière de climat, les accords politiques, si tant est qu’ils soient contraignants, sont bien sûr fondamentaux pour faire évoluer les comportements à l’échelle des Etats et des entreprises. Mais au-delà des actions politiques, ce sont les engagements et initiatives citoyennes qui sont le véritable socle d’une transition sociétale aujourd’hui plus que jamais nécessaire, si l’on veut protéger notre planète et le vivant. Car la transition, c’est dans chaque instant de nos quotidiens, chaque habitude de vie qu’elle doit se mettre en marche, doucement, durablement. Cette idée est au cœur de nombreux mouvements depuis plusieurs années, comme les Colibris ou Alternatiba, collectif grâce auquel le Village Mondial des Alternatives se tiendra à Montreuil, les 5 et 6 décembre.
Pendant la COP21, le groupe Décidons Rouen vous propose de vous faire (re)découvrir des projets qui voient le monde différemment. Qui, chacun à sa manière, font avancer les choses, et œuvrent pour une société plus juste, pour la résilience, pour le bien vivre ensemble.

Jeudi dernier, nous vous parlions de reconquête de la souveraineté alimentaire avec La Tente des Glaneurs. Approfondissons un peu ce sujet, et partons à la rencontre d’une association créée à Massy (91) par et pour des habitants d’Île de France : Trouvemaculture.

Tout a commencé par des discussions entre 3 copains, Alexis, Matthieu et Elyes. Au départ, le constat a été simple : aujourd’hui, nous mangeons très mal. « Nous nous sommes dit que c’était à la population de reprendre en main son alimentation, de revenir au jardinage, au rapport de l’homme à la terre. » A Massy, comme partout, la bétonisation massive des sols est en marche. « Les espaces verts, des pelouses seulement tondues, ressemblent souvent plus à des crottoirs qu’à autre chose ». L’idée naît alors de transformer certains de ces espaces verts en jardins collectifs, sur les bases de la permaculture.

En Février 2015, l’association Trouvemaculture est créée. Elle compte une dizaine de membres âgés de 20 à 30 ans environ, auxquels viendront peu à peu s’ajouter une quarantaine de bénévoles issus de toute la région parisienne. La directrice d’une école les autorise à transformer en jardin une parcelle de la cour, en friche depuis des années. Au printemps, le travail commence, travail auquel sont associés les enfants du quartier qui ne savent parfois pas trop quoi faire de leur temps. Les enfants aiment la nature et s’enthousiasment vite. L’association lance en même temps une pétition afin de connaître l’avis des habitants du quartier sur le projet, pétition qui, sur 150 familles, ne recueillera que 2 avis négatifs. « Dans les villes plus aisées, lorsque chacun est dans sa maison avec son jardin, c’est sans doute plus difficile de réunir les gens autour d’un espace commun pour jardiner. »

La mairie donne aux jardiniers l’autorisation d’utiliser le terrain de l’école, et un statut de prestataires en périscolaire pour l’année suivante. En octobre, l’association signe un accord avec le bailleur social propriétaire de la Résidence des Tuileries, dans laquelle vit Matthieu, les autorisant à utiliser un terrain de 800m2 situé en marge de ladite résidence. A la fin du mois, un chantier est organisé et 700 arbres sont plantés sur le terrain. Le travail continue ensuite en novembre avec la plantation de 70 arbres dans le jardin de la cour d’école.

plantation enfants

Les enfants de maternelle et de primaire de l’école Albert Camus ont planté, avec les bénévoles de l’asso, les 70 arbres fruitiers du jardin

 

A ces arbres s’ajouteront au fil des mois des haies fruitières, des buttes de permaculture,… Cet hiver, c’est à la construction de mobilier urbain à base de matériaux recyclés que les bénévoles travaillent aussi, afin de faire du jardin un espace de détente et de jeu.

Pendant les chantiers, les riverains viennent donner un coup de main, discuter, regarder ce qu’il se passe. « Les gens venaient nous déposer du thé, des gâteaux, … Ça ramène de la vie dans le quartier, on se parle plus, on échange ! ». Tisser un lien social autour de ces espaces était important, car l’un des objectifs principaux de l’association, c’est de former les habitants, de « faire en sorte qu’ils puissent s’approprier les jardins, s’en occuper eux même« , et de tendre vers autosuffisance alimentaire. « On voulait montrer aux gens qu’ils pouvaient dépenser moins, manger mieux, et avoir une autre vision de l’agriculture aussi. Parce qu’avec la permaculture, si on travaille bien au début, après la nature travaille presque toute seule, et on n’a que peu d’efforts à fournir. »  Aujourd’hui, tout le monde attend avec impatience les premières récoltes, et le retour du soleil pour pouvoir profiter ensemble des jardins.

Se réapproprier les espaces verts, tisser du lien social, revenir à la terre et aller vers l’autosuffisance, en voilà des concepts qui ont du sens. Et qui sonnent juste, aujourd’hui, face à toutes les fausses solutions qui nous sont proposées par les institutions. « C’est une prise de conscience à avoir. Du temps et du travail aussi. Mais une fois que ça démarre, ce n’est que du bon ! ».

 

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